Maurice Leroux, Un homme caméléon
Si l’on peut traverser la Loire en bac, c’est grâce à lui…Maurice Leroux. Chef d’orchestre du chantier d’insertion, l’abbé Maurice Leroux n’a de cesse d’aider les exclus du travail. Derrière ses lunettes, on y verrait comme une petite lumière. Celle qui a conduit le jeune Maurice, adolescent turbulent chassé d’un grand collège privé blésois, à la clarté filtrée des églises.«J’avais 15 ans quand le proviseur de Notre-Dame a dit à ma mère qu’on ne ferait rien de moi ! »De son enfance, Maurice Leroux chérit le souvenir de l’atelier de son père où des machines américaines fabriquaient des chaussures de luxe pour les vitrines londoniennes.« Je passais des heures devant cette mécanique magnifique ! »Se rêvant ingénieur, il part chez les frères de Saint-Gabriel(Vendée) pour y recevoir une formation inexistante en région Centre. Dans cet univers de dévotion, tout s’éclaire. Il se découvre le besoin de participer à « un monde meilleur », et changera d’aiguillage pour suivre les voies du Seigneur. «Pour être près des gens, il faut des prêtres qui ont vécu. » Entré dans la prêtrise en 1951, il reste convaincu que la formation et le travail sont les clés de voûte du bonheur terrestre. Il développera, dans les années 60, des maisons d’apprentissage dans le département. Dont ces fameux ateliers d’apprentissage et de maîtrise à Villefranche-sur-Cher, d’où plus de 950 jeunes sont sortis. Cette obsession de l’insertion par le travail n’est pas une voie parallèle, mais une équation qui a défini sa vie. « Si je fais construire des bateaux, c’est que je poursuis une logique. Dans la théologie de la Création, on lit que les gens qui ont du travail sont sauvés!»Si on l’interroge sur la société de ce troisième millénaire dont les repères traditionnels s’effritent, il réplique : « Nous sommes dans une période de mutation, il faut l’accompagner. Tout n’est pas pourri heureusement ! »Homme caméléon, il sait aussi bien manager son équipe en voie d’insertion professionnelle que prendre son bâton de pèlerin pour récolter des subsides. Il s’offre même le luxe de convier le préfet à l’inauguration de ses bateaux de Loire. « Il faut savoir retrousser ses manches, rien ne s’obtient sans peine, le bonheur arrive à la force du poignet.» Une belle homélie à méditer !
source: http://www.grandchambord.fr/